For those of you who read French and for those of you who have read some of
the translations of his books in English, just be aware that giant French
noir/crime writer Thierry Jonquet just died, at 55, from heart failure.
I¹ll translate here the small lines I just got in the mail by one of the
members of Rompol (a kind of French Rara):
³Merde l'auteur de Mygale, La Belle et la Bête, les Orpailleurs, ce n'est
pas rien... et même si je n'aimais pas sa dernière période, Mygale a été un
de mes premiers chocs du roman noir, c'était poisseux, malsain, sexuel,
politique, bref que du bien.²
³Crap, the author of Mygale, La Belle et la Bête, les Orpailleurs, that¹s
not small stuff...and even if I didn¹t like his latest entries,Mygale was
one of my first noir novel clangs, it was sticky, nasty, sexual, political,
in short only good things...
He was really one of my heroes since mid 70¹s...
Montois triste
http://en.wikipedia.org/wiki/Thierry_Jonquet
Thierry Jonquet (born Paris, 1954) is a French writer who specialises in
crime novels with political themes. His most recent and best known novel
outside of France is Mygale (2003), which was published in English
translation as Tarantula in 2005 (Serpent's Tail). He has written over 20
novels in French, including Le bal des débris, Moloch and Rouge c'est la
vie.
Tarantula is currently being adapted for the cinema by acclaimed Spanish
director Pedro Almodóvar.
http://internationalnoir.blogspot.com/2009/04/mygale-or-tarangula-by-thierry
-jonquet.html
Saturday, April 11, 2009
Mygale (or Tarangula) by Thierry Jonquet
Mygale (or Tarantula, in the U.K. edition), French crime novelist Therry
Jonquet's first novel to be translated into English (by Donald
Nicholson-Smith) begins like a series of short stories. Seemingly unrelated
tales of 4 (or perhaps 5) people who are trapped in different ways in
prisons not of their own making. The stories will, of course, come together
gradually (the final one in an almost impossible-to-believe coincidence that
is necessary not only for the plot but also the author's philosophical
point). And it is a philosophical crime novel, in a very French sense
(partaking as much of The Story of O and Georges Bataille's novels and
theories as it does of Sebastien Japrisot (the French novelist whom perhaps
Jonquet most resembles). It's no surprise that Spanish film director Pedro
Almodovar, rather than, say, Quentin Tarrantino, is making a movie from
Mygale. The novel is short and it's mostly narrative rather than dialogue,
the narrator giving the stories from the eyes of each of the victims except
one, who is addressed as "you" throughout his portion of the book. The tight
narrative makes it difficult to say much about the story without giving too
much away (and I would not recommend reading even the blurbs on the back
cover--best to come to the story with as few preconceptions and as little
prior knowledge as possible for full enjoyment of the tale and its
structure). But if you're looking for something like Pierre Manchette, or
Dominique Manottie, or Fred Vargas (there's no one quite like Ms. Vargas),
this is not it.
It is instead an elegant, disturbing, and gender-bending tale of torture,
rape, a bank robbery gone badly wrong, a fleeing criminal, prostitution,
revenge, and misery, moving rapidly through its 128 pages. The English,
French, and American covers reproduced here give some sense of the nature of
the story, whose conclusion is surprising in some ways and philosophically
inevitable at the same time: it's a high-concept crime novel, and it's very
well written--but probably not for everybody.
DISPARITION DE THIERRY JONQUET
Mort de Thierry Jonquet : Le noir lui allait si bien
Le 10 août 2009 à 13h06
LE FIL LIVRES - Avec ses livres souvent prémonitoires, ce révolté autopsiait
notre société, mettait en scène les éclopés de la vie. L¹écrivain et
scénariste Thierry Jonquet, auteur notamment de ³Mygale², ³Moloch², ³Ad
vitam aeternam², est mort hier soir, à Paris, des suites de problèmes
cardiaques. Il avait 55 ans.
Thierry Jonquet est décédé dimanche 9 août dans la soirée. Il avait 55 ans.
Dans Rouge c¹est la vie, un de ses livres tout en colère et tendresse, il
disait vouloir écrire des romans noirs, « de ces intrigues où la haine, le
désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de
pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. »
De livres en livres, Jonquet n¹en finissait pas de désigner la barbarie, la
bêtise, les guerres fratricides. Il autopsiait notre monde d¹aujourd¹hui en
fabriquant des histoires souvent prémonitoires. Lui qui avait l¹allure d¹un
père peinard, carburait à la révolte et s¹engouffrait dans la littérature
comme ultime chance de rester debout, digne malgré la folie de notre
société. Jonquet mettait en scène les éclopés de la vie, les enfances
volées, les corps torturés, les vieillards oubliés, les esprits désemparés.
Il dénonçait les lâchetés des politiques, l¹aveuglement des bien pensants et
en a irrité plus d¹uns.
Thierry Jonquet écrivait des romans noirs parce qu¹il n¹avait pas le choix.
Il aimait trop la vie, rire avec les amis, lire encore et encore, pour ne
pas la titiller, l¹interroger et nous avec.
Nous republions ici un portrait de Thierry Jonquet paru dans Télérama le 22
mai 2004, à l'occasion de la sortie de Mon Vieux.
Souvenez-vous. C'est l'été 2003. Il fait chaud. De plus en plus chaud. Les
jours passent, la chaleur grimpe, l'inquiétude grandit. La panique
s'installe. Les maisons de retraite se transforment en mouroirs. Les
hôpitaux débordent de patients. Les urgentistes crient au secours, suivis de
près par les pompes funèbres, d'habitude si silencieuses. Le chef de l'Etat,
lui, ne renonce pas à ses vacances. On réquisitionne des hangars, des
camions frigorifiques. On stocke les cadavres comme on peut. Les médias
bafouillent, peinent à obtenir des chiffres. Le fait divers - une canicule -
fait place à une catastrophe nationale. Fin août, le verdict tombe : quinze
mille décès.
Cela s'est passé en France, et nulle part ailleurs. On s'interroge. A qui la
faute ? Les uns accusent l'inertie des autorités - ministres, maires ; les
autres montrent du doigt les mauvais citoyens, ceux qui délaissent leurs
parents, leurs vieux.
Pour un écrivain comme Thierry Jonquet, toujours prêt à dénoncer les
détraquements de notre société, un tel événement ne s'enterre pas à la hâte.
Ce même mois d'août, presque en transe face à tant d'horreurs, il épluche
les journaux, enquête, rencontre ceux qui se battent sur le front de la mort
(médecins, infirmiers, pompiers...), puis se met à bâtir une intrigue. Son
roman, Mon vieux (celui qu'il vous faudra emporter pour vos vacances au
soleil !), a pour " décor " la canicule de l'été dernier et met en scène les
habitants d'un quartier de Paris, Belleville. Comme pour ses précédents
romans, Moloch (terrible descente dans les réseaux pédophiles) ou Ad vitam
aeternam (plongée dans l'univers de la marchandisation des corps), Jonquet
s'inspire de ce qu'il voit, entend. Invente des personnages pêchés au coin
de sa rue, des gentils et des vilains - souvent ils ont les deux - et
imbrique petit à petit leurs destinées. Il les mène au paroxysme de leur
pauvre vie pour nous montrer l'accablante réalité qui nous entoure. Mais
Jonquet, ce moraliste sentimental, nous entraîne bien plus loin. Il nous
oblige à faire nôtre cette société foutraque, à la décortiquer, à mettre au
feu son ordre établi, à refuser la déchéance des uns, l'indifférence des
autres. Il écrit en rouge et noir l'abjection et la folie, et nous invite
pourtant à rêver sur ses romans clairs-obscurs, à imaginer un monde de
clarté et de tendresse...
Il fait chaud. Une bande de clochards a établi ses quartiers d'été sur les
trottoirs de Belleville. Jonquet, à la manière d'un Jack London descendu
dans la rue pour écrire Le Peuple d'en bas (éd. Phébus), raconte avec
minutie leur quotidien, misères et combines, souffrances et violences.
Apparaît Daniel. Jeune chômeur en fin de droits, il regarde les sans-abri,
ne veut pas finir comme eux, " à la poubelle ", mais en prend le chemin.
Puis, voici Alain. Lui est scénariste pour la télé, écrivain raté. Il peine
sur son ordinateur, à écrire des inepties qui plairont, sans doute. Il ne
songe qu'à sa fille, une ado de 16 ans. Un accident de deux-roues lui a
arraché la moitié du visage. Il est prêt à tout - à payer beaucoup - pour
qu'elle retrouve forme humaine et envie de vivre. Et voilà qu'un dernier
personnage s'écroule, en pleine rue. Un vieillard. Souvenez-vous, il fait
chaud, très chaud. A l'hosto, on lui découvre la maladie d'Alzheimer. Qui
est-il ? Que vient-il faire dans ce roman ?
Mon vieux est un texte formidablement construit. Dialogues natures et
suspenses maîtrisés s'enroulent avec intensité. Thierry Jonquet nous
ballotte de la réalité - la canicule, les SDF - à la fiction avec un plaisir
démoniaque. Cet écrivain-là n'est pas un adepte de la pureté stylistique,
mais un formidable raconteur d'histoires, un bâtisseur de satires, un
empêcheur (efficace !) de respirer en bonne (in)conscience. Il a
l'indignation au ventre. Du coup, il n'hésite pas à malmener un de ses
héros, Alain, le père de la gamine accidentée. Il lui fait retrouver son
propre père, un type qui l'a abandonné tout gosse. Le père, " ce salaud ",
c'est le vieillard sans mémoire tombé sous la chaleur accablante. Les frais
d'hospitalisation sont exorbitants. Nul n'est censé ignorer la loi : Alain
doit payer pour ce père, même " inconnu ". Il comprend que son passé ne
cessera de le poursuivre : " On n'échappe pas à ses parents. Si ferme que
soit la haine, il reste toujours de minuscules attaches, visqueuses, des
traces indélébiles qui se répandent, s'infectent, exactement comme une
maladie de peau. "
Dilemme : tout donner à celui que l'on hait et rien à celle que l'on aime ?
Etre responsable de son père et pas de sa fille ? Qu'est-ce que la filiation
? La loi du sang et rien que du sang ? Ou celle de la raison ? Du c¦ur ?
Jonquet, en artisan chevronné ès polars, met en place la tragédie : la
Faucheuse entre en scène. C'est une star. Très séduisante.
Thierry Jonquet n'a pas d'états d'âme : de livre en livre, il ¦uvre à
bousculer la morale. Il est l'un des rares en France à être resté fidèle à
son engagement d'auteur de romans noirs : écrire le monde, montrer
l'ignoble. Il adopte les méthodes journalistiques (enquêtes, interviews,
recherche de documentation) et, avec l'aide de son imaginaire, fait revivre
ce que l'on a peut-être déjà oublié, zappé, jeté à la poubelle avec les
journaux. Jonquet raconte des histoires et écrit des pans de notre histoire,
donne un sens à une actualité qui chasse l'autre, prolonge l'éphémère. Il
fait ce que le journaliste ne peut faire. C'est le pouvoir de la
littérature. Souvenez-vous. C'était l'été dernier. Il faisait chaud, très
chaud. Thierry Jonquet ne pouvait pas se taire. Il s'est mis à écrire Mon
vieux. Sans doute, d'abord pour lui-même, pour ne pas mourir de honte.
Martine Laval
[Non-text portions of this message have been removed]
This archive was generated by hypermail 2b29 : 10 Aug 2009 EDT